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Tesla Model S Plaid


Aussi blasé que vous puissiez être par l’accélération, la Tesla Model S Plaid La Tesla Model S Plaid est une voiture qui vous pousse dans votre siège et vous projette à l’horizon, et qui en fait un événement inoubliable.

Sur une piste suffisamment longue, elle décolle et ne se relâche pas jusqu’à ce qu’elle atteigne sa limite de 160 mph, sans hésitation, sans changement de vitesse et pratiquement sans bruit. Elle donne l’impression d’être d’un autre ordre de grandeur que la Porsche Taycan. Ce qui vous trouble, c’est qu’il ne s’agit pas d’une hypercar exotique, mais d’une berline utilisable au quotidien. C’est peut-être la seule raison pour laquelle vous en achèterez une.

Ce nom étrange (qui se dit « plad » et non « played ») n’a rien à voir avec l’Écosse, mais fait plutôt référence au film préféré du patron de Tesla, Elon Musk, la comédie de science-fiction Spaceballs de 1987.
Illya Verpraet
Testeur de route

Vous pouvez désormais en acheter une, mais avec quelques réserves. Il faut choisir la conduite à gauche et le prix est de 113 480 € avant options, mais ce montant semble presque bon marché par rapport à tout ce qui se fait de plus rapide.

La Plaid est équipée d’un moteur de 421 ch à l’avant et de deux moteurs de 414 ch à l’arrière, soit un total de 1020 ch. Vous remarquerez que ces chiffres ne s’additionnent pas : c’est parce qu’ils sont limités par la quantité de puissance que la batterie d’environ 100 kWh peut fournir.

Cet espace permet de diriger la puissance là où le logiciel l’estime nécessaire, ce qui permet un certain guidage du couple.

Par ailleurs, la Tesla Model S a bénéficié d’un subtil lifting et d’un tout nouvel intérieur.

La puissance de l’ingénierie de Tesla dans le domaine des véhicules électriques est indéniablement formidable. Voici une grande berline qui atteint les 100 km/h en 2,5 secondes (pas tout à fait les 2,1 secondes annoncées par Tesla) et qui, en conduite normale, consomme 3,3 mégawatts par kWh, un rendement dont beaucoup de fabricants de VE ne peuvent que rêver. Cela se traduit par une autonomie de 373 miles, et si vous voulez aller encore plus loin, une charge de 10 à 80 % ne prend que 29 minutes.

Comme toujours, il y a des choses pour lesquelles Tesla a tout fait pour être le meilleur et d’autres pour lesquelles il a jugé qu’il fallait faire des compromis. Il est clair que le groupe motopropulseur était sa priorité ici, tout comme l’écran tactile de 17 pouces qui permet de tout contrôler.

L’intérieur de la Model S était auparavant un élément susceptible de vous décourager, mais s’il n’offre toujours pas la sensation de luxe d’une Porsche, il n’est plus aussi stérile et grinçant qu’auparavant.

Les matériaux sont beaux et agréables au toucher, et le véhicule est toujours aussi pratique. Il est très minimaliste, à tel point que Tesla a supprimé les pédales des essuie-glaces, des clignotants et du sélecteur de conduite. Elles ne m’ont pas manqué autant que je m’y attendais, mais j’ai toujours eu l’impression qu’une technologie intelligente faisait un travail qu’une pédale pouvait faire un peu mieux.

Là où la Plaid n’est tout simplement pas au niveau de la Porsche Taycan, c’est en termes de châssis et de raffinement. Elle est assez bruyante sur l’autoroute, la conduite est agréable, plutôt qu’excellente, il y a des vibrations constantes à travers le volant, et vous vous sentez généralement peu enclin à sonder les capacités de maniabilité.

C’est une grosse voiture qui vous place du mauvais côté, ce qui entame naturellement votre confiance sur une route B typique.

La direction est le plus gros problème. Avec la roue ronde (au lieu de la fameuse fourche), elle est rassurante et fait beaucoup d’autocentrage. Mais si l’on va plus vite, elle ne donne aucune indication sur le niveau d’adhérence. Grâce aux pneus Michelin, il y en a suffisamment, mais étant donné le potentiel de performance, on aimerait un peu plus de précision et d’assurance.

Poussez et c’est l’avant qui part en premier. Le contrôle de stabilité surveille de près la situation, mais autorise un sous-virage décevant. Malgré tout ce que l’on dit sur le vecteur de couple, on ne le sent que très peu.

Il existe un amusant mode Track qui vous permet de réduire le contrôle de stabilité et d’ajuster la répartition de la puissance entre l’avant et l’arrière, mais comparé à la Taycan, à qui l’on peut faire confiance pour répartir le couple sur chaque essieu de manière transparente, il semble assez rudimentaire. Si vous envisagez de vous aventurer sur circuit, vous voudrez le Pack Track avec ses freins en carbone-céramique, car la lourde Plaid peut facilement surchauffer ses freins standard.

La Plaid est donc une voiture difficile à placer. Vous voyez les performances et le mode Track et vous pensez « super-saloon électrique », mais si c’est ce que vous voulez, vous devriez aller dépenser vos 120 000 € sur une Taycan GTS avec seulement 590bhp. Vous achèterez cette Tesla pour ses performances folles et sa grande autonomie – et vous obtiendrez en plus une voiture électrique tout à fait décente.